GILBERT COUDON

Membre de l' Association française de Topographie.

TABLES D' ORIENTATION

 

Une table d'orientation est un atout culturel et économique.

 

Le développement important du tourisme des sociétés modernes, l' attrait de plus en plus grand pour les randonnées pédestres (cf. l' extension des sentiers de grande randonnée et la vente des cartes I.G.N.), le V.T.T., l' utilisation estivale des stations de sports d' hiver, l' amour de la nature, le souci écologique, l' attrait des amples horizons, entraînent de fait un flux touristique grandissant, ce qui ne doit être aucunement regretté, mais au contraire encouragé, ne serait-ce que pour des raisons culturelles et économiques.

Cepentant, l' expérience prouve que les faibles connaissances topographiques du promeneur moyen, (mais peut- on le lui reprocher?), ses difficultés à lire, exploiter les immenses possibilités d 'une carte à grande échelle, par exemple la série Top 25 au 1/25000 de l' I.G.N., font qu'il se trouve vite démuni, voire désorienté au sens littéral du terme, devanr un point de vue dont les limites théoriques peuvent dépasser 200, voire 300 kilomètres.

Cette même expérience montre aussi que cette ignorance génère chez lui deux attitudes contradictoires et intellectuellement inacceptables, à savoir la crédulité ou l' incrédulité.

Ou bien on énumère avec assurance des visibilités inexistantes ou désorientées ( le Mont Blanc a été "vu" depuis les points les plus farfelus, de même que le clocher de la cathédrale de Rodez). Ou bien, on refuse la réalité par manque de preuves tangibles, la pollution détériorant lentement les visibilités lointaines.Ainsi, l' on nie que ce même Mont Blanc soit visible du Puy de Dôme par delà un col du Forez, alors que le calcul et de nombreuses photographies l' attestent.Ou bien que le Canigou soit visible depuis Notre Dame de la Garde à Marseille, par forte réfraction atmosphérique, alors que le baron de Zach l' avait observé dès 1806, et que Michel et Martine Aperio aient pris en 1998, un des deux jours de l' année où le soleil se couche dans la direction exacte du Canigou, de remarquables photos de sa partie sommitale.

Une table d' orientation remet en place la réalité, organise l' espace, évite ainsi les dérives verbales ou écrites;

 

La table d' orientation structure l' espace et le rend plus intelligible en l' embellissant.

 

 

La table d' orientation doit être exacte, précise et complète.

 

Elle est en effet la reproduction précise d 'un panorama en anamorphose rayonnante, renseigné en altitudes, directions et distances, de tous les points visibles, en atmosphère de tranparence infinie.

Cette reproduction occupe la partie la plus importante de la table, elle même cercle ou demi- cercle selon le dégagement du point de vue. La partie centrale représente une carte locale autour de laquelle vient se placer une couronne de titrage général avec nom du lieu-dit, altitude exacte, nom et adresse du maquettiste topographe, de l' usine assurant la reproduction.

Souvent, à cause de masques proches, un quadrant, délaissant un paysage qui ne présente guère d 'intérêt, contient alors un dessin caractéristique, accompagné d' un texte historique et géographique, propres à équilibrer l' ensemble de la maquette et à accroître la curiosité du visiteur.

La maquette est ensuite reproduite sur lave émaillée par l'usine avec laquelle je travaille, puis posée sur un socle, dont la conception et la réalisation sont à la charge du maître d' oeuvre.

 

 

La table d' orientation rend compte de la totalité du paysage, y compris des cibles lointaines les plus discrètes.

 

 

Des méthodes et des moyens.

 

Mon métier de professeur d' histoire géographie, mon service national dans l' artillerie où j' étais chargé de calculer la position précise des batteries de tir, et plus encore ma formation personnelle, m' ont amené à concevoir une méthode originale et précise où se marient rigueur géographique et précision du dessin.

Sans entrer dans le détail fastidieux des opérations, il faut savoir que les diverses étapes menant à la maquette finale se déroulent comme suit:

Une étude théorique au bureau, sur cartes, des visibilités théoriques limites, compte tenu des masques; de la rotondité terrestre et de la réfraction atmosphérique moyenne.

Un tour d' horizon topographique au théodolite sur site.

Un tour d' horizon photographique calé sur le précédent, pour la restitution fidèle du paysage.

Un calcul de position, par mesure G.P.S.et / ou triangulation locale, ramenée à l' ellipsoïde ED50, système européen.

Un dessin en anamorphose rayonnante sur calque à l' échelle 1/1 avec identification des points en vue du report sur lave émaillée.

Un coloriage de la photocopie du calque pour l' équilibrage des teintes à la cuisson, précédant l' envoi pour reproduction.

Des lettres à l' I.G.N. et à la Société Michelin pour la mise à jour des cartes et guides.

 

Les instruments nécessaires.

Un thédolite Wild T2.

Deux appareils photo Canon, avec objectifs de 24, 35, 50, 135 et 300mm.

Un boussole Méridian avec prisme de visée et clinomètre.

Une paire de jumelles 7/50

Une monoculaire Kowa aux grossissements utiles de 15, 25, 40 et 60.

Un G.P.S. monofréquence portable Trimble.

Un ordinateur de bureau comprenant des logiciels de traitement d' images.

Des cartes I.G.N. à différentes échelles.

Des calculatrices programmables.

Du matériel de dessin.

 

Quelques références.

 

Première table du Plomb du Cantal sur proposition du Préfet.

Table du Puy Saint Laurent à Saint Mamet.

Table du Puy de Bouvals près Pleaux.

Table du Puy de l' Arbre près Montsalvy.

Table de Labastide du Haut Mont.

Table de Montpellier le Vieux, avec balcon d 'orientation au Douminal, en attente d 'installation.

Table du Pech Mouleyret près Molières.

 

 

En guise de conclusion provisoire.

Si mes occupations topographiques m' ont amené à visiter de nombreuses tables d' orientation, j' en ai vu de remarquables, mais aussi d' autres plus nombreuses trop fantaisistes, simplistes, voire inexactes.

Les raisons de cet état de fait s' expliquent facilement. Sous couvert d 'économie, il est tentant de choisir le devis le plus bas.C'est oublier un peu vite qu' une telle réalisation est un investissement de longue durée dont la réalisation doit être minutieuse.Trois exemples le démontreront:

Avant de stationner au Plomb du Cantal, je savais par des calculs précis que le Mont Blanc était visible. J' en connaissais l' azimut précis et la hauteur de sa partie apparente, soit 500 mètres environ.De même pour le Pelvoux, le Vercors et les Pyrénées.

Vu de Labastide - du - Haut - Mont, le MONTCALM, dans les Pyrénées à 250 km.

A Labastide du Haut Mont, une imperceptible proéminence, à peine visible à la jumelle, émergeant de la crète sud du Chavaroche, s'avéra être, après vérification par le théodolite, le sommet du Puy Mary, seulement visible sur 15 à 20 mètres.

A Pech Mouleyret, les calculs m' indiquèrent que, par delà une crête, le massif du Sancy est visible, à 107 kilomètres, sur 100 à 150 mètres d' épaisseur seulement, donc très difficilement observable. Je l' ai donc mentionné sur la table après avoir pu le photographierun jour de bonne visibilité atmosphérique.

Fallait-il ignorer ces points?

Je le répète une fois encore. Une table d' orientation ne peut être que l' oeuvre d' un topographe de formation. Ne l' oubliez pas au moment de votre choix.

Bien évidemment, je reste à votre entière disposition pour de plus amples renseignements. Contactez moi sur mon
 
mail: gilbert.coudon@infonie.fr

Merci d' avance.